rotten. (paco)

Où habites-tu ? C'est bien là bas ou tu en partirais à la première occasion ? toi, t'habites à new york, noyé dans un océan de champagne doré. tu côtoies la notoriété, la superficialité, la célébrité. t'y es bien. c'est ton monde, c'est ton pantin urbain. t'en tires les ficelles depuis que ton père t'as passé le flambeau. après, t'aimes new york, son énergie, mais tu bouges tout le temps, t'es constamment en déplacement. pour le boulot, essentiellement. t'es pas contre un éventuel déménagement, mais plus tard, pas maintenant. pour le moment, t'es bien. tu gères. et les billets continuent de tomber. ta vision du bonheur.

Si on te donne rendez-vous dans dix ans, tu risques d'oublier ou tu viens coûte que coûte ? t'oublieras, c'en est certain. au quotidien, t'as tendance à être sur tous les fronts mais t'as tes limites. t'es humain. et puis certes, ton boulot te demande une certaine rigueur mais côté personnel, t'as tendance à délaisser ton entourage. hormis une poignée de personnes triée sur le volet, t'accordes pas vraiment d'importance à qui que ce soit. t'as pas le temps pour ça.

Une ancienne connaissance t'appelle, comment réagis-tu ? t'as beau être un connard fini, si c'est un bon pote d'enfance, tu pourras pas faire autrement que lui donner rendez-vous dans un café huppé de la ville histoire de ressasser votre passé commun. parce que sous tes apparences de dickhead, t'es quelqu'un de pas si mal que ça paco. eh ouais. étrangement.

Tu es plutôt du genre à garder contact malgré la distance ou à couper les ponts ? ça dépend de la personne, si elle en vaut la peine, si t'as un intérêt quelconque à tirer de votre relation. après, t'as pas du genre à épiloguer pendant des plombes. si ça a besoin de dégager, t'as aucun scrupule à rayer leurs noms de ton carnet d'adresses. tu t’entoures de l'élite, c'est la clé pour ne pas sombrer.

Et, côté caractère, comment es-tu ? c'est le tigre sauvage, celui qui griffe à sang tout ce qu'il effleure. c'est ce souffle de vent, cette brise fauve qui te fouette le visage, celle qui t'arrache des dizaines de larmes, celle qui te vole ton âme, celle qui s'accapare tout souffle de vie. c'est cet ouragan nocif qui s'infiltre dans ton subconscient comme le serpent slalome vers sa proie. celui qui te bouffe toutes ruines de ta raison. c'est celui qui te détruit, morsure après morsure, t'es plus qu'un tas de thunes. bye bye. aucun scrupule, aucun regret.
il s'emballe trop vite, il est impulsif. mais derrière cette allure renfermée et ses actions trop irréfléchies se cachent un gamin un peu paumé qui en vérité ne sait pas trop où il va. il connaît la fin mais pas le chemin intermédiaire, alors il se laisse conduire par cette soif de notoriété qui grandit en lui.
paco, il a un bon fond. ouais. mais il faut creuser pendant quelques centaines de mètres avant d'atteindre quoi que ce soit. il a tout camouflé sous des tonnes d'illusions et de magouilles. c'est le fruit d'un travail de longue haleine. vingt-huit longues années à enterrer toutes ces conneries de sentiments et de ressenti, ça finit par payer.
un tas de cendres. un cocktail mortel, un bordel immense, un labyrinthe sans fin. la cigarette, qui se consume seconde après seconde. celle qui apaise les gens, juste pour un moment. l'étalon des pleines à qui on a cassé une jambe, le chat sans moustaches, le poisson à l'air libre.
paco, c'est doux, léger, ça vole au-dessus des nuages. un parfum d'ailleurs, un zeste de noirceur. ça se laisse bercer par le vent. mais c'est rien de plus qu'une illusion, un brin d'innocence dans une tornade d'acide.
paco, c'est viser les étoiles pour finir dix pieds sous terre. le compte rebours est lancé.